Episode 2

Voilà l'épisode 2 (sans blague !) :

27 novembre : Je viens de voir le nouveau voisin, à l’instant. Homme étrange ! Chose curieuse, il est arrivé à pieds, comme s’il désirait ne pas être vu, ou comme s’il ne voulait pas qu’on sache qu’il était enfin arrivé. Ou ne voulait-il pas qu’on voie le visage de qui a acheté cette maison ? Il n’y a pourtant pas de honte à avoir : c’est une belle maison, même si elle m’effraie. Ou mon nouveau voisin a-t-il quelque chose à cacher ? Veut-il en faire une garçonnière ? Est-ce là le repos de quelque homme reconnu par le grand public ? Un écrivain célèbre, ou un autre artiste ? Allons, je me laisse aller divaguer à des hypothèses sans fondements. Sans doute apprécie-t-il tout simplement le calme et la solitude. Mais quelque chose me trouble. Je regardais le manoir d’en face une fois de plus derrière ma fenêtre quand j’ai vu le nouveau voisin : un homme grand, solide, aux cheveux bruns et courts, seul, apparaître au bout de la rue. Je l’ai suivi du regard, ne le connaissant pas, par curiosité. Arrivé devant le manoir voisin, il a tiré quelque chose de sa poche que je n’ai pas vu, mais que j’ai deviné, probablement une clef, et a poussé le portail. Je le fixais toujours. Il s’est retourné pour fermer la grille ; puis sa tête s’est tournée exactement dans ma direction. Surpris, je l’ai salué de la main et d’un sourire maladroit. Il n’a pas bougé, immobile dans son grand manteau noir. Je me suis éclipsé de ma chambre, j’ai descendu l’escalier ; je me devais, par politesse, de l’aller saluer personnellement. Quand je me suis présenté devant sa grille, il avait disparu. Je ne sais quel sentiment m’a alors saisi, mais je m’en suis retourné à la maison, sans insister, ce qui n’est pas dans mes habitudes. Je tremblais. J’ai demandé à Mathilde de me faire un thé ; j’ai brisé la tasse par maladresse. Je tremble encore en finissant d’écrire ces mots.