La maison brûlée

  Qui était cette petite femme maigre et noire qui arrosait son jardin ? Qui était cet homme gourmand qui mangeait des framboises ?...
  La maison n'était plus. Il n'en restait que des décombres que personne n'avait pris la peine de déblayer. Après trois ans, je suis revenu. Trois ans que j’avais quitté la maison, trois ans qu’elle avait brûlé, trois ans que mes parents étaient morts dans l’incendie. Trois ans auparavant, j’étais parti pour une mission humanitaire en Afrique pour aider les plus démunis et les plus malades des humains du globe. Personne n’a jamais voulu après mes parents de cette maison perdue dans la France profonde. Personne n’a réussi à me joindre après l’incendie. L’Afrique profonde est une terre sauvage et dure, éloignée du monde de la communication.
  Mes derniers instants avec eux. Je m’en rappelle encore maintenant. Je leur ai dit, le soir, la veille, que je partais pour une longue durée. Ca ne leur a pas plus. Je ne pouvais pas faire de longues études ; je voulais aider les autres. L’Afrique. Mon choix s’était porté sur l’Afrique. Il y a encore beaucoup à faire. J’y retournerai bientôt.
  Je me suis promené autour des décombres. Là, c’était la cuisine, là, la salle à manger… Ce qui restait du jardin n’était plus entretenu. J’avais sur moi les rares photos que j’avais emportées avec moi en Afrique. Elles étaient moches et mauvaises. Mes dix-neuf ans en famille… Mon père mangeant avec délice les petites framboises… Qui était cette petite femme maigre et noire qui arrosait son jardin ? C’était ma mère.